Qu’est ce que le zéro-phyto ?
Le terme zéro-phyto est couramment employé pour décrire l’entretien des espaces extérieurs (espaces publics, jardins, bords de route…) par les collectivités, gestionnaires publics et privés et les particuliers sans utilisation de produits phytosanitaires de synthèse.
En application, le zéro-phyto est assimilé à une modification des pratiques d’entretien principalement sur les espaces non agricoles (on parle davantage de passage en agriculture biologique en milieu agricole). Il s’agit principalement de faire évoluer les pratiques de gestion et d’entretien en se passant de substances actives d’origine chimique ou de synthèse utilisées massivement depuis les années 50 pour la protection des végétaux contre des organismes nuisibles aux végétaux souhaités (ravageurs, maladies …) ou pour détruire les végétaux indésirables.
Enjeux en Seine centrale urbaine
Un territoire sensible
La Seine est classée comme masse d’eau fortement modifiée au titre de la Directive cadre européenne sur l’eau et doit ainsi atteindre le bon état écologique à échéance 2027. Au regard de la norme SEQ-Eau, les composés analysés et les concentrations retrouvées mettent en lumière une qualité chimique moyenne à l’amont du bassin versant de la Seine centrale urbaine (Paris) et à l’aval (Conflans-Sainte-Honorine). Plusieurs produits phytosanitaires (AMPA : molécules de dégradation du glyphosate, Carbendazine, Norflurazone, DDT) sont retrouvés dans des concentrations non négligeables dans les eaux de la Seine alors que certains sont interdits depuis plusieurs années.
L’origine de ces molécules, catégorisées comme des micropolluants (persistants pour certains), est variée. Il est fortement probable que les zones agricoles sur le bassin amont de la Seine et de ces affluents soient des contributrices importantes. Toutefois, les apports de produits phytosanitaires par les eaux de ruissellements en milieu urbain ne sont plus à démontrer en raison de l’imperméabilisation des sols et du traitement partiel de ces micropolluants dans les stations d’épuration. La forte urbanisation et imperméabilisation du bassin versant des Plaines et coteaux de la Seine centrale urbaine en font un territoire particulièrement sensible au transfert de ces polluants dans l’environnement.
Au sein du bassin versant, les eaux de la Seine (surfaces ou nappes) sont utilisées pour la production d’eau potable.
La présence de ces micropolluants issus de l’utilisation des produits phytosanitaires peut entrainer des perturbations importantes de la production d’eau potable, notamment des surcoûts de dépollution.
Une réglementation en évolution
Depuis le premier plan Ecophyto (2008), en passant par la Loi Labbé (2014), la réglementation française a considérablement réduit les potentialités d’usages des produits phytosanitaires dans les espaces non agricoles. Aujourd’hui, les jardiniers amateurs, les collectivités (sauf pour les espaces à contraintes) et les établissements publics sont dans l’obligation de gérer et d’entretenir leur espace suivant des méthodes alternatives et l’utilisation de produits phytosanitaires autorisés par la réglementation.
A travers sa Stratégie régionale pour la biodiversité, la Région Ile-de-France souhaite que les communes de la région poursuivent leur changement de pratique au delà de la réglementation avec l’objectif d’avoir 100% des espaces communaux en zérophyto à l’horizon 2030.
Accompagnement de la cellule d’animation
Le réseau Objectif zérophyto 2016-2018
De 2016 à 2018, la cellule d’animation du Contrat de bassin a développé et encadré la démarche « Objectif zérophyto en Seine centrale urbaine ». Cette démarche a eu pour but d’accompagner les gestionnaires publics ou privés et les particuliers pour le changement de pratique et le zérophyto. Elle s’est construite autour d’un réseau de 4 « ingénieurs zérophyto » portés par l’association Espaces, le Syndicat des Eaux de la Presqu’Ile de Gennevilliers (SEPG / aujourd’hui Sénéo), le Syndicat Mixte pour la gestion du Service des eaux de Versailles Et de Saint-Cloud (SMGSEVESC / aujourd’hui AQUAVESC) et SUEZ Eau France
Objectifs
En réponse à l’enjeu de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires inscrit au contrat de bassin 2014-2018 et aux besoins croissants des gestionnaires d’espaces verts en lien avec l’évolution réglementaire issue de la Loi Labbé, le réseau a eu pour objectifs :
- La sensibilisation des gestionnaires au zérophyto et aux changements de pratique ;
- L’apport de connaissances théoriques et techniques sur les nouvelles pratiques ;
- Le développement d’outils facilitant la transformation des pratiques des professionnels et particuliers ;
- L’appui pour bénéficier des aides financières disponibles entre 2016 et 2018.
Actions réalisées
Entre 2016 et 2018, le réseau a développé et animé de nombreuses actions pour faciliter les changements de pratiques des acteurs visés :
- Diagnostics territoriaux des pratiques d’entretien des collectivités, bailleurs et entreprises ;
- Ateliers et visites de sites pour la sensibilisation et la formation des services techniques des collectivités et des services opérationnels des autres gestionnaires ;
- Participation à des événements communaux à destination du grand public ;
- Établissement d’un groupement de commande sur le périmètre de Sénéo ;
- Appui technique pour la réalisation des dossiers de subvention…
Vous retrouverez plus en détails l’ensemble des actions réalisées, les résultats des diagnostics et l’évolution des pratiques d’entretien des communes du bassin versant entre 2016 et 2018 dans le bilan des 3 ans de la démarche.
Outils développés
En parallèle des actions de sensibilisation et d’apports de connaissance, le réseau a développé un ensemble d’outils techniques et de communication pour répondre aux besoins concrets des gestionnaires pour appliquer de nouvelles pratiques de gestion et d’entretien.
Vous trouverez ci-dessous le détail des outils développés et à disposition de la cellule d’animation afin de permettre à tout type de structures d’engager son changement de pratique jusqu’au zérophyto total.
Outils de communication
- Affiches (personnalisables) pour communiquer sur le changement de pratique sur site
- Flyers (personnalisables) pour distribution : modèles collectivités, bailleurs et entreprises
Outils de changement de pratiques (interne)
- Trame d’audit de pratique
- Trame de plan de gestion différenciée
Outils de changements de pratiques (externe)
- Modèles de CCTP (pour collectivités)
- Modèles CCTP (hors collectivités)
Si vous souhaitez obtenir ces documents (en différent format pour personnalisation) ou si vous êtes à la recherche de documents complémentaires, vous pouvez nous contacter.
L’accompagnement depuis 2020
Afin de faciliter l’émergence et la mise en place d’actions en faveur du zéro-phyto total sur les espaces gérés par une collectivité, un établissement public, un bailleur, une entreprise ou tout autre type de structure, la cellule d’animation propose un accompagnement technique. Par le biais de l’animation de la Charte Trame verte & bleue, de la Charte de l’eau, et du Contrat Eau, Trame verte & bleue, Climat 2020-2024, la cellule conseille techniquement les porteurs de projets signataires et sur les financements potentiels de leurs actions. De plus, elle sensibilise les structures présentes sur le bassin versant sur ce sujet.
En parallèle, la cellule d’animation peut également venir en soutien des acteurs locaux souhaitant dynamiser et développer le passage au zéro-phyto sur les espaces non soumis à la règlementation de limitation d’usage. La cellule, appuyé par les équipes de l’association Espaces, peut venir présenter les solutions techniques et des retours d’expériences auprès de copropriétés et entreprises à différente échelle (zone d’activités, commune, intercommunalité, etc.).
Objectif des actions en faveur du zéro-phyto
Au vu des nombreux impacts des produits phytosanitaires sur l’environnement et la santé, le zéro-phyto englobe de nombreux objectifs :
- Réduire la présence de pesticide dans l’eau et les milieux aquatiques et plus généralement la pollution diffuse de l’environnement entraînée par ces substances actives ;
- Atténuer l’impact supposé ou avéré de ces molécules sur la biodiversité ;
- Limiter les risques supposés ou avérés des pesticides sur la santé humaine ;
- Poursuivre la baisse d’usage des produits phytosanitaires sur les espaces non agricoles ;
- Réduire l’exposition aux pesticides des services municipaux et des employés d’entreprises du paysage ;
- Limiter la présence de ces micro-polluants dans les eaux de la Seine, ressource en eaux majeure de l’agglomération parisienne.
Solutions
Réapprendre à entretenir sans produits phytosanitaires
Ne plus avoir recours à la solution chimique pour entretenir et gérer ces espaces extérieurs nécessite de mettre à plat son mode de gestion. L’objectif de cette analyse est d’identifier les besoins (matériels et main d’œuvre) suivant des objectifs d’entretien précis pour toutes les surfaces en gestion afin de limiter l’explosion des temps d’intervention et des coûts pouvant être entrainer par le passage aux solutions alternatives.
Pour cela, tout gestionnaire peut réaliser un audit de pratique, idéalement à l’amont du changement de pratiques.
Cet audit permet de disposer des informations et données nécessaires à la construction d’un plan de gestion différenciée des espaces extérieurs. Ce plan assure la définition de nouveaux objectifs d’entretien pour chaque typologie d’espace et programme de manière pluriannuelle les investissements et les solutions à développer. Le but de cet outil est également de limiter au maximum les difficultés techniques et l’impact économique du changement de pratiques.
L’audit et le plan de gestion différenciée peuvent être réalisés en interne ou par des structures externes compétentes (bureau d’études, etc.)
Les techniques préventives pour le zérophyto
Ne plus utiliser de pesticides ou d’herbicides de synthèses oblige les gestionnaires à aménager les espaces extérieurs de manières différentes afin de limiter la pousse des plantes non désirées et le développement des organismes nuisibles. Les solutions appliquant ce principe sont définies comme des techniques préventives.
Elles doivent être privilégiées par rapport aux interventions mécaniques ou thermiques car elles ne sont pas consommatrices d’eau, de carburant ni de gaz et sont donc moins coûteuses et plus respectueuses de l’environnement.
Les déclinaisons des techniques préventives sont extrêmement nombreuses en fonction des caractéristiques des sites d’application. En voici, une liste (non exhaustive) :
- Le paillage par différents matériaux ;
- La végétalisation par des plantes couvres-sols ou la végétation spontanée ;
- Le développement des organismes auxiliaires souhaités ;
- Les prairie fleuries et fauches tardives ;
- Le réaménagement des espaces plantés et des espaces en gestion ;
- La désimperméabilisation des sols ;
- L’écopaturage…
Les techniques curatives pour le zérophyto
Les techniques alternatives curatives ont pour objectif d’éliminer les végétaux indésirables dont la pousse n’a pu être empêchée par des techniques préventives. Elles n’utilisent pas de produits phytosanitaires de synthèse, mais sont généralement consommatrices de carburant, eau, de gaz ou de substances d’origines naturelles. C’est pourquoi elles ne doivent être utilisées que pour une certaine exigence d’entretien notamment identifiée dans le Plan de gestion différenciée.
Les solutions curatives s’appuient donc sur des outils et techniques visant à éliminer l’organisme non désiré. Quelques exemples sont présentés ci-dessous :
- Désherbage mécanique (balayage, binette, fauchage, brossage) ;
- Désherbage thermique (eau chaude, mousse, gaz, vapeur) ;
- Utilisation de substances actives autorisées par la réglementation : Les produits de biocontrôle, les produits à faible risque, les produits utilisables en agriculture biologique, les préparations naturelles peu préoccupantes (produit de base et biostimulant).
La réglementation concernant les listes des substances actives autorisées évolue constamment. Vous pouvez télécharger les listes à jour grâce aux liens ci-dessous.
Les essentiels
Sites internet références
Veille réglementaire et Loi Labbé Lien d’accès | Documentations techniques Lien d’accès | Actualités et évènements Lien d’accès |
Politiques régionales biodiversité Lien d’accès | Ressources documentaires Lien d’accès | Sciences participatives Lien d’accès |
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Comprendre le zérophyto Lien d’accès | Protéger les plantes Lien d’accès | Boîtes à outils Lien d’accès |
Labels et Chartes
Label EcoJardin
Label Terre Saine, communes sans pesticides
Charte Jardiner en préservant sa santé et l’environnement
Quelques documents complémentaires
Guide de gestion écologique des espaces naturels Lien d’accès | |
Guide paysages et entretien des cimetières (2017) Lien d’accès Guide des solutions végétales pour la ville : bien les choisir et concevoir (2016) Lien d’accès Guide Conception écologique d’un espace public paysagé (2014) Lien d’accès | |
Fiches et outils autour des solutions de biocontrôle Lien d’accès | |
Guides techniques alternatives de gestion des espaces verts Lien d’accès |